Annick Demouzon

Publié le 27 septembre 2010, par Jean-Philippe Guihard

Un café sur la plage

Mon café préféré, le voici.

Mon café préféré, c’est le café frappé — très fort et très, très froid —, servi avec un verre d’eau glacée, posé juste à côté. Essentiel, le verre d’eau où la buée ruisselle.

On le boit à la paille, par petites goulées, et on aspire, aussitôt après, à gorgées du bout des lèvres en cul de poule, un peu de cette eau plus fraîche que fraîche. Il est essentiel de savoir faire durer le plaisir au-delà du supportable. Inenvisageable de ne pas le faire. Un café frappé se savoure len-te-ment…

Et viendra — hélas — le réchauffement inévitable.
Ne restera plus, alors, qu’à traînailler devant la mousse qui se délite pitoyablement et où s’évaporent les derniers glaçons. Triste gadoue au fond du verre. Œil songeur accroché au lointain et…
Un art.

Évidemment, le café frappé ne prend sa véritable saveur que par temps chaud, très chaud — chaleur étouffante si possible —, et à l’ombre exclusivement.

L’ombre, sur cette photo, est celle d’un gigantesque tamaris, que seconde un parasol de toile. Regard sur la mer et le soleil qui, doucement, plombe.
Soleil d’automne. Déjà fin octobre. Bientôt novembre…

Ah !... Détail important : Vous ne le voyez pas, mais le ticket qui boucle délicatement sous le verre, est écrit en Grec. Et ce bleu, derrière la table, c’est la méditerranée, golfe de Laconie, rade de Neapolis, vue sur Elafonisos et Cythère : deux îles à portée de bateau. Embarquement au bout de la file, sur le quai à droite.

Tout est dit. Bonheur de l’instant.

Alors, oui, forcément, c’est lui, mon café préféré.

Annick DEMOUZON

Un café sur la plage - Annick DEMOUZON